Vis ma vie d’instit 2 : les SORTIES SCOLAIRES

Eh oui, il est obligé d’en proposer au cours d’une année scolaire et donc d’en faire… Je veux parler des sorties avec les élèves. C’est quand même toujours super sympa de sortir les enfants de leur environnement familier et quotidien de la classe.

Et voilà, c’est parti !

Souvent, on pense que le plus compliqué, c’est la préparation en amont de la sortie. Et c’est vrai…

Monter un projet pédagogique, c’est une vraie prise de tête pendant plusieurs semaines.

Les moultes papiers administratifs à remplir relèvent du parcours du combattant.

Trouver la compagnie de bus la moins chère, c’est un marché semblable à celui de la Bourse.

Chercher le lieu pédagogique idéal qui sera à la fois intéressant pour les adultes, c’est une sacrée épreuve.

Avoir des parents accompagnateurs qui tiennent la route et sont disponibles relève souvent de la mission impossible.

Demander des subventions pour mener à bien cette sortie revêt parfois un air de corruption…

Bref, quand toutes ces difficultés sont surmontées, on pense que le plus dur est fait. QUE NENNI ! Le plus difficile reste à venir, tous les profs le savent ! Et les épreuves de survie ne font que commencer…

Photo de Rodolfo Clix sur Pexels.com

Prêts pour le combat ? Voici quelques exemples de galères à prévoir ; liste non exhaustive et sans aucun ordre de priorité. Juste un récit plutôt réaliste…

Déjà, il faut que tout le monde comprenne bien que l’élément le plus important dans un voyage scolaire, quelque soit l’âge des élèves ou la destination prévue, c’est LE BUS. Monter dans un bus c’est déjà, en quelque sorte, un voyage pour nos chères petite têtes blondes. Qu’il soit blanc, bleu, avec une ou deux portes, un chauffeur ou une chauffeuse; peu importe : c’est toujours extraordinaire. Et si en plus il y a deux étages, je peux vous assurer que les élèves vont avoir les yeux qui brillent !

Avant de monter dans ce fameux et génial véhicule à 10 roues, les enseignants sont souvent confrontés au retard d’un ou plusieurs parents. Toujours les mêmes et c’est très agaçant.. C’est dans ces moments que les profs sont tiraillés entre la complaisance et l’envie de vengeance. Bien sûr, ils aimeraient partir à l’heure (car le programme est chargé et qu’en plus le chauffeur râle déjà !) et partir tout de suite et en profiter pour donner une bonne leçon à ces parents irrespectueux. Mais, ils sont rattrapés par leur excès de zèle et hésitent en se disant qu’un enfant ne peut pas être privé de sortie – Oui, oui, même E., cet élève insupportable qui agace tout le monde !!! #bienveillance. Du coup, toute la classe attend…

« Maîtresse, on pique-nique quand ? » — Je vous jure que cette réplique apparaît tout au long d’une journée de voyage scolaire, et dès 9h du matin !

Pendant cette attente, les maîtresses en profitent pour faire un point sur le matériel emporté par les élèves. Et tout peut arriver, il ne faut avoir peur de rien…

  • L’enfant venu avec une doudoune, un bonnet et une paire de gants pour une sortie rando au mois de juin, en pleine canicule. Mais il parait que « On ne sait jamais ».
  • Des sacs de pique-nique oubliés ou non faits… « Ah bon, y’avait sortie aujourd’hui ? ».
  • Des petites filles en robe et collants pour une activité VTT en forêt.
  • Le sac rempli d’argent pour aller à la boutique cadeau… « Mais, voyons N., nous partons à la piscine, il n’y a rien à acheter ! »
  • Celui qui est venu avec un pique-nique tellement copieux qu’il pourrait nourrir tout un village !
  • Et tous ceux qui commencent à ouvrir leur sac pour le montrer à leur maîtresse, ou bien qui énumèrent à leurs camarades de quoi est composé leur sandwich ou encore qui commencent à grignoter leurs chips…

« Et sinon Maîtresse, on pique-nique quand ? » Vous l’aurez compris, après le bus, le pique-nique est sûrement le deuxième centre d’intérêt des enfants lors d’une sortie scolaire.

C’est bon, on va pouvoir partir, la petite M., retardataire, est enfin arrivée. Dans ces moments, on peut constater que les enseignants sont à deux doigts d’agresser le parent responsable, mais ils ne peuvent pas…. #bienveillancetoujours.

Et là, c’est parti pour l’embarquement. Les profs -quel qu’ils soient- sont affublés de tout un stock de sacs et de matériel… On pourrait les prendre pour des chameaux qu’on charge avant un long voyage; et ça ressemble à quelque chose près à cela :

Photo de Talha Riaz sur Pexels.com

Voilà le prof et son paquetage, souvent plus lourd que lui !!! Et oui, il se prépare bien et doit penser à tout, tel un combattant avant une épreuve de survie :

  • Trousse à pharmacie.
  • PAI (en gros, les médicaments des enfants qui ont un traitement spécial).
  • Fiches d’urgences et assurances.
  • Rouleaux de papier toilette.
  • Sacs à déchets.
  • Jerricans d’eau et gobelets.
  • Téléphone portable.
  • Projet pédagogique de la sortie avec programme du jour à respecter.
  • Le café en thermos avec quelques petits gâteaux, à offrir aux parents accompagnateurs – Nous en reparlerons d’ailleurs de cette espèce à part.
  • Affaires de rechange.
  • Clés de l’école.
  • Numéros des parents et de la directrice.
  • Goûters supplémentaires juste « au cas où »…
  • ………………………

Et c’est pour cela que la maîtresse oublie souvent son propre pique-nique !!! Un comble…

Revenons aux parents accompagnateurs. Une espèce en voie de disparition. Il faut dire que ce n’est pas très vendeur lorsqu’un professeur demande aux parents de la classe s’ils souhaitent les accompagner : ils doivent souvent se débrouiller avec leur employeur pour prendre une dispo sur leur temps de boulot, c’est du bénévolat avec 25 gamins qui vont être surexcités… Ça ne fait pas rêver !

Alors, dans la catégorie des parents qui accompagnent -à la fois gentils et inconscients-, on en trouve plusieurs variétés :

  • Celui qui a été forcé par sa femme de venir.
  • Celui qui est là mais qui ne sait pas pourquoi.
  • Celui qui ne s’occupe que de son propre enfant et ignore totalement les autres.
  • Celui qui prend tout et tout le monde en photo – « Non non, je n’ai pas les autorisations photos pour Z.; s’il vous plaît, lâchez cet appareil photo ! ».
  • Celui qui ne comprend rien aux consignes.
  • Celui qui se perd.
  • Celui qui a oublié de venir le jour de la sortie.
  • Celui qui accompagne une sortie rando en tong.
  • Celui qui est toujours ébahi et souriant, tel un enfant.
  • Celui qui est venu sans son pique-nique !!!
  • Celui qui râle.
  • Et enfin, TOUS CEUX qui sont reconnaissants et qui viennent enfin de comprendre la difficulté de ce métier : « Mais comment vous faites tous les jours pour gérer les enfants ? Ce n’est vraiment pas un métier facile ». Bon en général ceux-là, on ne les revoit plus jamais en sortie !

On n’est pas encore arrivé sur notre lieu de pèlerinage que….. « Et Maîtresse, on mange quand ? »

Et puis, arrivent enfin les animations que les profs ont durement préparées, réfléchies, organisées… Normalement, le meilleur moment de la sortie. Mais ça, ce n’est pas la réalité car c’était sans compter les râleries des enfants, les différentes galères du voyage, les toilettes qui n’arrivent pas au bon moment, le bruit qu’on doit supporter toute la journée, les établissements qui n’ont pas bien compris la demande pédagogique et ceux qui proposent des activités pour des ados alors que ce sont des maternelles, les petits bobos, les lectures erronées de plans… Et j’en passe. Des galères qui souvent laissent un bon souvenir aux enfants comme aux accompagnants.

Et ça y est…. C’est l’heure du pique nique !!! Au final, le seul moment de la journée que les enfants seront capables de raconter à leurs parents le soir… Il faut le savoir.

Alors, si vous êtes jeunes instits et que vous commencez dans le métier, prévoyez surtout un joli lieu ombragé pour pique-niquer et prévoyez un temps assez long pour celui-ci… Et si possible, un bus à deux étages… Le reste n’aura finalement pas beaucoup d’importance. Désolée ! 😉

La fin de journée approche, il est tard, les enfants sont épuisés, c’est l’heure du retour. Et alors qu’on peut penser la sortie scolaire finie, les écueils évités, les grosses galères déjà surmontées, que l’instit s’est calé.e tout au fond du bus pour somnoler discrètement, on entend une petite voix : « Euh, maîtresse…. Y’a P. qui ne se sent pas bien… » A peine le temps d’attraper son sac à déchets enfoui dans son sac à dos et de bondir vers P. qui se vide littéralement… Quel bonheur ! C’est ça aussi être instit, c’est avoir le sens du sacrifice et savoir intervenir dans toute situation… Mais je peux vous assurer que, même pour le prof le plus calme du monde et dont le cœur est bien accroché, les vomis dans le bus restent une hantise ! Courage !

On rentre, tout le monde a l’air heureux et malgré tout, la maîtresse aussi…

Le bonheur d’un enfant, ça n’a pas de prix, n’est-ce pas ? Enfin, si… Après une journée de sortie scolaire, il coûte un bon Doliprane … 

Publié par Manon

Professeure des écoles - et passionnée ! 🌈Manon 𝕦𝕟𝕖.𝕞𝕒𝕚𝕥𝕣𝕖𝕤𝕤𝕖.𝕤𝕒𝕟𝕤.𝕤𝕥𝕣𝕖𝕤𝕤🌈 ✨PE depuis 2009 (Allier)✨ ⚽🅰🅿🆀 et ⓖⓔⓝⓔⓡⓐⓣⓘⓞⓝ ②⓪②④🎾 🖊️CE2/CM1 🖊️ 🅼🅰🆃 🌳 Classe Dehors🌿

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