Non, ce n’est pas Broadway ni Las Vegas, mais -et on n’va pas s’mentir- la kermesse des écoles est attendue par les parents d’élèves comme moi le jour de la sortie du Beaujolais Nouveau… Ce GRAND JOUR (et notamment le spectacle des élèves) est vécu par les enfants comme le grand oral du Bac, mais il est aussi redouté par les profs comme une souris fuyant le gros matou… alors que les parents, eh bien, eux, ils s’attendent au dernier show de Soprano !
Je ne sais pas pour vous, mais pour moi -en tant qu’instit- cette journée me dépasse complètement… Aucun intérêt pédagogique, beaucoup de préparation en amont pour un spectacle souvent raté (là non plus, on n’va pas s’mentir), un goûter plutôt mauvais et des jeux qui ont cinquante ans maintenant (on en parle du chamboule-tout?).
Je vais essayer de vous raconter les rouages de ce grand moment, les coulisses…. Une kermesse vécue de l’intérieur dont je vais pouvoir vous narrer les petits moments de vie bien croustillants qui passent souvent inaperçus !
Cette année, je l’ai vécue encore bien plus tôt que d’habitude (c’était hier, soit le 13 mai!!!)…. Et oui, il paraît qu’il ne fallait pas la faire « trop tard » car l’Amicale Laïque redoutait une canicule…. Autant vous dire qu’on a échappé à la canicule car c’est la pluie qui était de la partie ! Et clairement, le PE en avril/mai, il n’a que ça à faire de préparer un spectacle de kermesse ! Depuis qu’on a commencé de parler kermesse et spectacle, mes élèves se croient d’ailleurs déjà en vacances, j’adore !
~~ LA PRÉPARATION EN AMONT DU JOUR J ~~
👉 Commencer une réflexion mi-janvier avec les collègues, lors d’un conseil pédagogique à ce que nous allions faire.
👉 N’avoir aucune idée de thème ni de spectacle à proposer. Se dire qu’on a le temps.
👉 Oublier que la kermesse est en mai.
👉 Se rendre compte qu’il nous reste 6 semaines pour mettre en place quelque chose… Mais en termes de semaines effectives : 4 (si on enlève les jours fériés, les vacances, et les sorties…)
👉 N’avoir toujours aucune idée. Commencer légèrement à paniquer.
👉 Demander aux élèves ce qu’ils en pensent. Se réjouir en les attendant proposer du jonglage, de l’acrosport, des sketchs et des décors… De belles idées !
👉 Ouvrir son agenda et paniquer : on est en vacances, on ne peut rien commencer.
👉 Profiter des vacances; boire l’apéro; oublier…
👉 Revenir en classe. Se rendre à l’évidence : il nous reste 3 semaines, c’est inconcevable de réaliser un show à la Céline Dion !
👉Abandonner l’idée de l’incroyable et spectaculaire production hollywoodienne.
👉 Refaire un point avec les élèves.
👉 Rogner quelques séances d’histoire et géo pour apprendre la dernière chanson à la mode. Faire comme on peut avec un sens du rythme approximatif et une voix qui te rappelle au quotidien pourquoi tu n’es pas devenue une rockstar de la chanson…
👉 Appeler ses collègues pour se rassurer.
👉 Commencer à chercher des excuses pour pouvoir être absente le Jour-J.
👉 Faire une insomnie deux semaines avant et avoir une illumination – On va faire une parodie du « Coach » de Soprano !
👉 Galérer les deux semaines restantes…
~~ LE JOUR J ~~
➡️ Arriver deux heures avant -et toute pimpante- pour aider les parents. Être contente d’être au taquet !
➡️ Se rendre compte qu’on a oublié la moitié des accessoires à la maison.
➡️ Faire l’aller-retour, perdre une heure, arriver en nage -déjà- ! S’apercevoir que son maquillage a coulé… -déjà-.
➡️ Mettre les dernières chaises en place, se faire offrir un café immonde, voir les premiers parents arriver… (Ceux-là même qui pourtant sont toujours en retard pour les rendez-vous… hum hum).
➡️ Se précipiter à l’entrée de la salle pour vendre les programmes du spectacle. Poser sa veste, il fait chaud ici. Faire sa marchande de poissons pour gagner trois francs-six sous… « C’est pour les enfants, merci… »
➡️ S’apercevoir que les programmes -finalisés la veille à l’arrache- sont collés à l’envers ! Bref.
➡️ Faire des grands sourires, accueillir les parents, les enfants, les grands-parents, les tontons, les copains… Bref tout un tas de personne que tu n’arrives pas forcément à remettre. Mais continuer de sourire.
➡️ Sourire toujours. Commencer à avoir chaud. Poser son pull.
➡️ Entendre ta collègue au micro annoncer le début du spectacle alors que tous les enfants ne sont pas arrivés… Avoir vraiment chaud. Courir.
➡️ Arriver devant la scène. Récupérer les enfants de toutes les classes, se rende compte qu’il fait 40 degrés.
➡️ Débuter le spectacle. Respirer.
➡️ Gérer les groupes qui montent et qui descendent.
➡️ Faire des grands gestes devant la scène pour les guider lors des chants et des danses.
➡️ S’exciter avec ses grands gestes. Avoir très chaud. Se liquéfier.
➡️ Gérer les petits bouts qui pleurent…
➡️ Monter sur scène avec les élèves. Continuer d’avoir l’air ridicule.
➡️ Mais aussi…. S’amuser, applaudir, sourire, et être fière d’eux.
➡️ Refaire des grands gestes ridicules. Rater le départ des chansons.
➡️ Applaudir de soulagement, c’est fini !
➡️ Boire trois litres d’eau, remettre un coup de déo et soupirer.
➡️ Sourire aux collègues, se féliciter que tout se soit bien passé.
➡️ Discuter avec les parents qui te remercient et te félicitent. Prendre avec joie et bonheur cet élan de gratitude, ce qui n’est pas si souvent le cas à l’école !
➡️ Se faire payer une bière (puis quelques autres…)
➡️ Manger enfin un bout de gâteau ! Enfin… payer pour avoir le droit de manger le gâteau que l’on a soi-même apporté (vous connaissez bien ce principe aussi des kermesses je suis sûre!)…
➡️ Rigoler, se détendre, profiter…
~~ LE VERDICT ~~
Bon, j’y ai quand même mis tout mon mon cœur, j’ai fait le zouave sur scène, j’ai rigolé avec mes élèves qui avaient des étoiles plein les yeux, j’ai fait une bataille d’eau avec les enfants (vengeance de maîtresse!), j’ai mangé une multitude de crêpes et j’ai fini à la buvette avec Tonton Marcel…
C’est quand la prochaine kermesse ???
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